Bad trip: que peut-on faire ?

Le Bad trip (parfois appelé « flip ») est un risque lié à la consommation de drogues comme un autre. Mais bien souvent, les amis ou les professionnels de la fête qui en sont témoins se sentent démunis et ne savent pas comment intervenir. Or la personne qui vit un Bad trip peut être soutenue voire prise en charge par le commun des mortels : cela ne nécessite pas de connaissances médicales spécifiques. Juste de savoir ce qu’il est préférable de faire. Et d’accepter que la personne a droit à vos soins, qu’elle ait consommé un produit légal ou illégal. Car un Bad trip, ce n’est pas drôle, et personne ne mérite de le vivre seul.

Qu’est-ce que c’est ?

Un trip est un « voyage » qui est fait à l’aide d’un psychotrope. L’usager voyage dans son monde intérieur et regarde le monde extérieur de façon inhabituelle. Un mauvais trip, c’est quand ça se passe mal. C’est un état dominé par la peur, dans un monde devenu cauchemardesque ou du moins angoissant.

La personne peut perdre le contrôle d’elle-même, oublier que cet état est lié à l’action du produit et se croire devenue folle, « calée » à jamais dans son trip. Si cet état se prolonge, la panique l’envahit, entraînant parfois un comportement agressif ou violent, essentiellement à l’égard d’elle-même. Le paroxysme de la peur peut mener au suicide. Parfois, une aide médicale et médicamenteuse peut s’avérer nécessaire.

Le Bad trip cesse au plus tard lorsque le produit s’arrête d’agir. Un état anxieux peut se prolonger des semaines après l’arrêt de l’action du produit, mais c’est assez rare.

Qu’est-ce qui peut provoquer un Bad trip ?

Toute prise d’hallucinogène (LSD, cannabis, etc.) peut se transformer en Bad trip, même pour un consommateur expérimenté et dans de bonnes conditions de départ. Son déclenchement peut être lié à une pensée négative, une situation stressante, l’arrivée d’un effet inattendu, etc.

Par extension, tout mauvais moment lié à la consommation d’un produit psychotrope quelconque est appelé Bad trip. C’est pourquoi nous vous proposons un modus operandi général.

Qu’est-ce qu’on peut faire ?

Il faut en premier lieu évaluer la situation, vérifier qu’il n’y a pas de problèmes physiques, que la personne respire normalement. Sinon, il faut appeler les urgences (voir Que dire au 112 en cas d’urgence ? ).

Lorsque quelqu’un est en Bad trip, on peut agir sur 4 pôles distincts.

Le pôle relationnel

Pour autant qu’il n’y ait pas d’urgence physique immédiate, l’établissement du lien est la priorité.

Il s’agit d’entrer en contact, de briser la barrière de l’isolement et du repli sur soi. Suivant votre disponibilité, il est toujours possible de maintenir le contact (un simple regard suffit parfois).

Il est important de ne pas être inquisiteur, la personne peut être un peu paranoïaque :

  • Soit des amis de la personne sont présents à côté d’elle et c’est un élément positif car cela la rassure et permet d’assurer son suivi.
  • Soit ils ne sont pas à côté d’elle mais à la soirée et on peut aller les chercher ou demander à quelqu’un de le faire.
  • Soit la personne est seule et dans ce cas, on peut la laisser dans un endroit approprié (voir point suivant) et aller voir régulièrement comment elle va.

Le pôle environnemental

Quel que soit le type de produit consommé, il faut amener la personne dans un endroit calme, avec le moins possible de stimulations sonores et visuelles. Cela peut être dehors, dans la salle chill-out…

L’idéal est d’avoir connaissance du ou des produits qui ont été consommés. Cela permet d’adapter l’intervention à la situation. N’hésitez pas à le demander aux amis ou, à défaut, calmement au consommateur, mais il vaut mieux ne pas insister s’il refuse de vous le dire : son sentiment de paranoïa pourrait s’accentuer.

Suivant ce que les amis de la personne disent et les effets que l’on observe, on peut proposer un environnement adéquat :

  • les stimulants (surexcitation, réactions paranoïdes et agressives, crispations des mâchoires et des dents,…) : lui proposer de se reposer, se coucher ou s’asseoir mais sans la forcer.
  • les dépresseurs (rythme diminué, la personne pique du nez et s’endort, vertiges, difficulté d’élocution…): prévenir l’endormissement, maintenir la personne en activité, appeler les secours si vous avez peur qu’elle ne s’endorme (car il y a un risque de perte de conscience et d’arrêt respiratoire).
  • les hallucinogènes (confusion, panique, délire, paranoïa, perte de contrôle, modification des perceptions sensorielles) : diminuer le plus possible les stimuli sensoriels (lumière, bruit…), rassurer la personne sur l’état transitoire de l’effet, l’amener à se focaliser sur un événement heureux de sa vie ou de son expérience présente, ne pas être trop intrusif (paranoïa).

Les attentes de la personne vis-à-vis du produit

Il est important de rassurer la personne : les effets sont transitoires et dus au produit qu’elle a consommé.

Les drogues illégales sont souvent des produits coupés dont on ne connaît ni le dosage ni le contenu. Si le produit est par exemple plus hallucinogène que prévu, la personne peut faire une expérience à laquelle elle ne s’attend pas, une expérience proche de la folie.

L’état physique

Il faut être attentif aux arrêts respiratoires et à l’état de conscience : surveiller la respiration, vérifier la température, la réveiller de temps en temps.

Ne pas hésiter à appeler les secours en cas de doute sur l’état de la personne.

Un malaise peut être en partie causé par une hypoglycémie, on peut alors donner une boisson sucrée.