23 avril 2015

Promouvoir une vie nocturne de qualité à Bruxelles

Une table-ronde était organisée cet après-midi par la Ministre de la santé Cécile Jodogne et l’asbl Modus Vivendi, coordinatrice du label Quality Nights. L’évènement avait pour but de réfléchir à l’état actuel des nuits bruxelloises ainsi qu’aux pistes d’améliorations qui permettraient d’accroitre le bien-être des fêtards.

Les risques liés aux festivités nocturnes sont bien connus : perte d’audition, consommation de produits psychotropes, conduite de véhicules sous influence, relations sexuelles non protégées, etc. Pour arriver à les réduire, des professionnels de la nuit et des représentants d’associations ont entamé un dialogue. Plusieurs conclusions en sont ressorties. Elles englobent, mais vont bien au-delà des seules questions de santé :

  • Les questions de bruit, de mobilité et de disponibilité de salles sont les problèmes les plus cités.
  • La nécessité de se rassembler et de se structurer autour de thèmes communs ressort fortement des discussions. Comment rassembler les acteurs ? Autour de quels thèmes ? Qui doit porter cet effort ? Créer une dynamique de rencontres régulières, sous forme de réunions ou de forums en ligne semble être une piste qui fait consensus.
  • Il serait nécessaire de désigner un représentant qui se ferait porte-parole des acteurs de la nuit et qui ferait consensus, en toute indépendance vis-à-vis du politique et des institutions.
  • Les expériences de Paris et Berlin le montrent : fédérer les acteurs et obtenir l’engagement des pouvoirs publics permettent de dépasser la réputation négative du milieu de la nuit (nuisances, plaintes) et d‘impulser une dynamique participative, tout en fédérant les ressources. Cette dynamique serait garante de la qualité de la vie nocturne et festive bruxelloise.
  • A Paris, la Maire a rassemblé tous les acteurs et a créé le Conseil de la nuit, ainsi qu’un poste de chef de projet nuit. L’idée de créer un équivalent bruxellois semble porteuse.

Les constatations des participants ont été mises en perspective par Thierry Charlois, chef de projet Politique de la Nuit à Paris : « Bien sûr, il y a encore beaucoup de travail. Mais une première étape a été franchie aujourd’hui, puisque  l’ensemble des acteurs concernés sont dans une démarche de concertation participative, de recherche d’une situation « win-win ». Évidemment, le contexte institutionnel compliqué de la Belgique n’aide pas, mais je fais confiance à mes collègues belges pour trouver des solutions pragmatiques. »

Pour ce qui est du label Quality Nights et des questions de santé, les résultats de l’enquête menée par Eurotox et le CBPS ont montré que, si plusieurs des services offerts par Quality Nights étaient bien connus (mise à disposition d’eau gratuite et de bouchons d’oreille), un travail de communication était encore à faire : « Les services « santé » ne sont pas toujours assez visibles, mais ils répondent clairement à une demande du public. Au-delà de ce qui est déjà mis en place, les sorteurs mentionnent certaines problématiques qui pourraient être améliorées: la mobilité (retour en sécurité, disponibilité de taxis, disponibilité d’alcootest), le sentiment de sécurité qui fait défaut dans certains quartiers, en particulier pour le public féminin, la nécessité de légiférer (en particulier sur la disponibilité d’eau gratuite et le niveau sonore) » explique Patricia Thiebaut du CBPS.

L’évènement, qui a fait salle comble, prouve l’engouement que suscite le thème de la journée. « La présence de responsables de lieux festifs bruxellois à la rencontre d’aujourd’hui, mais aussi notre collaboration quotidienne avec eux démontre qu’au-delà des stéréotypes véhiculés sur le monde de la nuit, il existe une vie festive diversifiée, responsable et sensible à la santé de son public. » explique Elodie Della Rossa, responsable du projet Modus Vivendi à Bruxelles.

Satisfaite de cette première rencontre, la Ministre de la Santé Cécile Jodogne compte bien intégrer les enseignements de la journée dans ses futurs projets: « En matière de promotion de la santé, il est nécessaire d’avoir une approche globale. Renforcer les collaborations entre les acteurs santé et ceux de secteurs connexes permet de s’attaquer efficacement aux questions transversales. Cette rencontre a été l’occasion de mettre en lumière les initiatives existantes et la volonté partagée de proposer une vie festive en pleine santé et dynamique à Bruxelles. C’était une première étape qui permettra de nourrir les projets futurs en matière de prévention des risques et je suis d’ailleurs prête à relayer les considérations qui ont été soulevées aujourd’hui vers mes collègues du Gouvernement bruxellois.»